Psychanalyse, introduction

Comment parler de psychanalyse aujourd'hui? 

Il n’existe pas UNE théorie psychanalytique, mais des théories qui sont, de plus provisoires et « biodégradables [1]», il n’y a donc pas de pratiques homogènes. L’idée de « praxis » me parait le mieux convenir : la praxis est une pratique de transformation qui produit une théorie, elle-même remaniée par la pratique, dans une boucle de rétro-action. L’analyste entretient un dialogue constant entre les théories de ses prédécesseurs, sa propre expérience de l’analyse et celle, singulière, de l’analysant qu’il entend. Mais au sein de ce dialogue, ce qui prime, c’est la parole de l’analysant à laquelle aucune théorie ne peut s’opposer. Il n’y a pas de vérité psychanalytique en dehors du dire de l’analysant.

Il y a, par contre, un cadre rendant la cure possible, une démarche à emprunter, des « règles fondamentales » à observer. Le processus emprunté dans l’analyse opère par déconstruction, elle interroge toutes les croyances que l'on entretient sur soi et sur le monde. Le psychanalyste n’est pas un « sachant », c’est un chercheur. Et en tant que tel, il doute de ce qu'il sait, et il écoute et avance pas à pas au rythme de la parole qu'il entend, ainsi il apprend. « Déconstruire » vise à dégager la part de désir singulier, qui se trouve inhibé et empêché du fait des déterminismes psychiques construits socialement, familialement et individuellement. Déconstruire ces déterminismes vise à créer les conditions de l’émergence d’une pensée singulière, donc autonome, dégagée, autant que faire se peut, des reproductions sociales et des répétitions psychiques, génératrices de souffrance.

Puisqu’il n’y a pas de théorie unique, chaque analyste se doit de rendre compte des hypothèses et des postulats à partir desquels il travaille. C’est l’objet de ce blog: transmettre ces écrits qui se construiront au fil du temps.

Catherine Jobert

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[1] Pour reprendre un terme d’Edgar Morin, à propos de la science dans "introduction à la pensée complexe"